Enquête sur la sécurité du transport ferroviaire R24D0080

Voici un résumé d’un événement de catégorie 5 pour lequel le BST a envoyé une équipe d’enquêteurs. L’enquête est maintenant terminée. Mise à jour le 17 janvier 2025.

Table des matières

    Déraillement de train 
    Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada
    Point millaire 69, subdivision de St-Hyacinthe
    Longueuil (Québec)

    L’événement

    Le 14 novembre 2024, le train de marchandises M32231-13 (le train) de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) circulait en direction est sur la voie de service sud dans la cour de triage Southwark à Longueuil (Québec), près du point milliaire 69 de la subdivision de St-Hyacinthe du CN. Il était composé de 102 wagons : 60 wagons chargés, 33 wagons vides et 9 wagons de résidus. Il pesait 9156 tonnes et mesurait 6242 pieds.

    Vers 8 h 27, alors que le train venait de s’engager sur la voie A075 et se déplaçait à environ 9 mi/h, un freinage d’urgence provenant de la conduite générale s’est produit. Une fois le train immobilisé, l’équipe a procédé à son inspection et a constaté que 8 wagons avaient déraillé. Les 2 derniers wagons déraillés obstruaient une voie de service ainsi que la voie principale sud (figure 1). 

    Figure 1. Vue partielle du lieu du déraillement, incluant les wagons obstruant les voies (Source : BST)
    Image

    Aucun autre wagon n’a déraillé et aucune blessure n’a été signalée. Deux wagons-citernes contenant des marchandises dangereuses faisaient partie des wagons déraillés. Le premier wagon-citerne contenait du propane (UN1075), mais aucune fuite de son contenu ne s’est produite. Le second contenait du peroxyde d’hydrogène (UN2014). Il était resté debout, mais sa paroi latérale avait été perforée, entraînant le déversement partiel de son contenu.

    Une équipe d’enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) s’est rendue sur place le jour de l’événement et dans les jours suivants pour recueillir des données et évaluer la situation.

    Intervention initiale

    Un appel d’urgence a été fait à la centrale téléphonique du 9-1-1 vers 8 h 45. Entre 8 h 55 et 9 h 10,

    • les premiers véhicules d’urgence des services de police et de pompiers sont arrivés sur place;
    • un poste de commandement mobile a été établi dans la cour de triage;
    • la route 116 a été fermée à la circulation automobile entre la route 134 (boulevard Taschereau), à l’ouest, et l’autoroute 30, à l’est;
    • la décision a été prise d’établir un périmètre de sécurité de 800 m autour du lieu du déraillement, en consultation avec le Centre d’urgence en transport canadien (CANUTEC) (figure 2);
    • les pompiers ont commencé l’arrosage du wagon-citerne d’où s’échappait du peroxyde d’hydrogène.
    Figure 2. Périmètre de sécurité initial mis en place autour du lieu du déraillement (Source : ArcGIS, avec annotations du BST)
    Image

    Des spécialistes en mesures correctives de Transports Canada sont arrivés sur les lieux vers 11 h. Ces spécialistes sont appelés à jouer plusieurs rôles sur un lieu d’accident mettant en cause des marchandises dangereuses, dont celui d’assurer la sécurité du public et du personnel sur les lieux, d’évaluer l’efficacité et la sécurité des mesures correctives prises et de formuler des recommandations au commandant d’intervention lorsque nécessaire.

    À la suite de l’évaluation de la situation relative au déversement de marchandises dangereuses, il a été décidé d’établir un confinement à l’intérieur du périmètre de sécurité. Les services municipaux de Longueuil ont entrepris la transmission de messages automatisés vers 11 h 55 pour aviser les résidents situés à l’intérieur de ce périmètre.

    Différentes équipes d’intervention d’urgence, incluant un agent de marchandises dangereuses du CN, sont également arrivées sur les lieux avec leur matériel spécialisé respectif. Après évaluation de la condition du matériel roulant déraillé, un plan d’action, qui comprenait le transfert des marchandises dangereuses contenues dans les 2 wagons-citernes, a été élaboré et mis en œuvre.

    Une équipe spécialisée est intervenue pour assurer le transfert des marchandises dangereuses en bonne et due forme. Le transfert du peroxyde d’hydrogène qui restait dans l’un des wagons-citernes ayant déraillé a été terminé vers 3 h du matin, le 15 novembre, et celui du propane contenu dans l’autre wagon-citerne déraillé, vers 16 h 30, le 16 novembre.

    Le confinement, dont le périmètre avait été graduellement réduit au cours de la journée, a été levé vers 4 h du matin le 15 novembre.

    Examen des lieux par les enquêteurs du BST

    La voie ferrée a été détruite sur une distance d’environ 373 pieds. Une section de rail endommagée située au début de la zone où s’est produit le déraillement a été récupérée et examinée par le BST (figure 3).

    Figure 3. Vue de profil des deux parties correspondantes du rail fissuré (Source : BST)
    Image

    Cette section provenait d’un rail d’un poids de 100 livres qui s’était fissuré au congé de raccordement âme-champignon, en raison d’un défaut interne du rail lié à la fatigue du métal. La progression de ce type de défaut peut se produire de façon très rapide lors du passage répété de trafic lourd.

    Le rail présentait une usure de la table de roulement de 10 mm ainsi qu’une usure de la joue intérieure de 6 mm, pour une usure combinée de 16 mm. Ce niveau d’usure combinée dépasse le niveau maximal de 14 mm prescrit par les Normes de la voie de l’Ingénierie du CN pour le maintien en service de rails de 100 livres.

    La partie supérieure du champignon exhibait également une importante déformation (fluage) vers le côté extérieur du rail. Une telle déformation survient habituellement lorsque de lourdes charges ont circulé sur une section de rail pendant de nombreuses années (figure 4).

    Figure 4. Usure et déformation du rail fissuré (Source : BST)
    Image

    Il n’a pas été possible de déterminer avec certitude ni l’année de fabrication ni le procédé d’élaboration utilisé pour le rail récupéré.

    Selon les informations recueillies par le BST, la plus récente auscultation par ultrasons des rails dans les environs du lieu du déraillement a été effectuée le 22 novembre 2023 afin de déceler d’éventuels défauts internes.

    Conclusion et communication de sécurité

    À la suite de l’évaluation de l’événement sur place et de l’examen des pièces récupérées, les enquêteurs du BST ont relevé certaines lacunes de sécurité et identifié des mesures correctives pouvant réduire les risques pour la sécurité.

    Le 19 décembre 2024, le BST a émis l’Avis de sécurité du transport ferroviaire 06/24 à Transports Canada portant sur les exigences en matière d’inspection des voies ferrées, notamment celles situées dans les cours de triage, afin de s’assurer qu’elles demeurent aptes à assurer un service continu. Cet avis fournit à l’organisme de réglementation, qui est en mesure d’apporter les changements requis, les informations pertinentes ainsi que les conclusions des enquêteurs du BST. Par conséquent, ceci met fin aux activités d’enquête du BST en lien avec cet événement.


    Communications en matière de sécurité


    Informations d'enquête

    Carte de la région

    R24D0080

    Déraillement de train 
    Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada
    Point millaire 69, subdivision de St-Hyacinthe
    Longueuil (Québec)

      Voir des images en haute résolution sur la page Flickr du BST.

    Catégorie de l’enquête

    Cette enquête est une enquête de catégorie 5. Les enquêtes de catégorie 5 se limitent à une collecte de données, qui sont ensuite consignées dans la base de données du mode. Si une équipe d’enquête du BST a été envoyée sur les lieux de l’événement, une courte description de l’événement est affichée sur le site Web du BST une fois l’enquête terminée. Généralement, l’enquête se conclut en 90 jours. Pour de plus amples renseignements, consultez la Politique de classification des événements.

    Processus d'enquête du BST

    Une enquête du BST se déroule en 3 étapes :

    1. L'étape du travail sur le terrain : une équipe d'enquêteurs examine le lieu de l'événement et l'épave, interviewe les témoins et recueille toute l'information pertinente.
    2. L'étape d'examen et d'analyse : le BST examine toute la documentation liée au dossier, effectue des tests en laboratoire sur des composantes de l'épave, établit la chronologie des événements et identifie toute lacune en matière de sécurité. Lorsque le BST soupçonne ou constate des lacunes en matière de sécurité, il en informe sans tarder les organismes concernés sans attendre la parution du rapport final.
    3. L'étape de production du rapport : une version confidentielle du rapport est approuvée par le Bureau et envoyée aux personnes et organismes qui sont directement touchés par le rapport. Ceux-ci ont l'occasion de contester ou de corriger l'information qu'ils jugent erronée. Le Bureau tient compte de toutes les observations fournies avant d'approuver la version définitive du rapport, qui est ensuite publiée.

    Vous trouverez de plus amples détails à la page sur le Déroulement des enquêtes.

    Le BST est un organisme indépendant qui mène des enquêtes sur des événements de transport aérien, ferroviaire, maritime et pipelinier. Son seul but est de promouvoir la sécurité des transports. Le Bureau n'est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales.