Communiqué

Contact avec le fond par le navire à passagers Island Queen III près de Kingston (Ontario) en 2017 : le BST émet trois préoccupations liées à la sécurité

Gatineau (Québec),  — 

Aujourd’hui, le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a publié son rapport d’enquête (M17C0179) sur le contact avec le fond par le navire à passagers Island Queen III,survenu en août 2017 près de l’île Whiskey au large de Kingston (Ontario). Le Bureau émet trois préoccupations liées à la sécurité qui concernent la disponibilité des gilets de sauvetage à bord, l’évacuation des passagers en cas d’urgence et la formation spécialisée des membres d’équipage chargés de la gestion des passagers en cas d’urgence.

Le 8 août 2017, en début d’après-midi, le navire à passagers Island Queen III a quitté le port pour effectuer une croisière planifiée de trois heures dans le secteur des Mille-Îles du fleuve Saint-Laurent, en provenance de Kingston (Ontario), avec 290 personnes à bord. Presque immédiatement après le départ, le navire a rencontré trois groupes distincts de dériveurs d’une école de voile locale et a dévié de la route prévue. En navigant dans une partie étroite de sa route, le navire s’est retrouvé dans des eaux peu profondes et a heurté le fond, ce qui a perforé la coque et causé un envahissement par les eaux dans un compartiment sous le pont principal. Le navire est demeuré à flot et a regagné le quai environ 30 minutes plus tard. Il n’y a eu aucun blessé.

L’enquête a permis de déterminer que l’impact a causé une brèche d’une longueur d’environ 30 cm dans la coque du navire, sous la ligne de flottaison. De plus, le moteur bâbord a calé et le gouvernail bâbord est resté coincé. Pendant que les membres d’équipage inspectaient le navire pour identifier les avaries, le capitaine a ramené le navire sur sa route prévue, redémarré le moteur bâbord et a fait demi-tour vers Kingston. Sous le pont, l’eau envahissait le compartiment de l’appareil à gouverner. En quelques minutes, les membres d’équipage ont démarré une pompe de cale, mais ont eu vite recours à des sceaux pour évacuer l’eau du compartiment de l’appareil à gouverner. À mi-chemin vers Kingston, le niveau d’eau dans le compartiment a atteint une profondeur d’environ 60 cm. Au moment où le navire a atteint le port et les passagers ont commencé à débarquer, le niveau d’eau a atteint environ 1,4 m.

L’enquête a permis de cerner une série de lacunes de sécurité en ce qui a trait à l’intervention d’urgence à bord d’un navire à passagers, ce qui a mené le Bureau à émettre trois préoccupations liées à la sécurité.

Disponibilité d’un nombre suffisant de gilets de sauvetage pour enfants et enfants en bas âge

Tout navire d’une jauge brute de plus de 5 qui est certifié pour transporter plus de 12 passagers, par Transports Canada (TC), doit transporter un gilet de sauvetage pour chaque membre du chargement en personnes. De plus, les navires doivent transporter des gilets de sauvetage convenant aux enfants pour au moins 10 % du chargement en personnes, ou 1 pour chaque enfant à bord, selon le plus élevé de ces nombres. L’Island Queen III avait à son bord 31 gilets de sauvetage convenant aux enfants, soit l’équivalent de 10 % du chargement en personnes maximal. Toutefois, il y avait pas moins de 32 enfants et 4 enfants en bas âge à bord. Le capitaine et l’équipage ignoraient combien d’enfants et d’enfants en bas âge se trouvaient à bord, car il n’y avait pas de procédure pour déterminer et consigner leur nombre exact. De plus, il n’y a aucune exigence au Canada selon laquelle un navire doit transporter des gilets de sauvetage convenant aux enfants en bas âge. Par conséquent, le Bureau est préoccupé par le fait que :

En l’absence de toute exigence de TC visant le transport de gilets de sauvetage convenant aux enfants en bas âge à bord de navires, et pour les exploitants de navires de s’assurer que le nombre de gilets de sauvetage convenant aux enfants et enfants en bas âge à bord soit égal ou supérieur au nombre d’enfants et d’enfants en bas âge à bord, le risque que les navires ne transportent pas suffisamment de gilets de sauvetage de ce type persiste.

Élaboration de procédures d’évacuation sécuritaire des passagers en cas d’urgence et surveillance

L’Island Queen III, comme tous les navires à passagers, devait se munir d’une procédure d’évacuation qui décrit comment tous les passagers et membres de l’équipage seront évacués dans les 30 minutes qui suivent le signal d’abandon du navire. L’enquête a permis de déterminer qu’il n’y avait pas de procédure établie au moment de l’événement. TC, qui est chargé d’assurer la conformité, n’a pas de procédure officielle pour déterminer si l’exigence est respectée. Par conséquent, le Bureau est préoccupé par le fait que :

Tant que TC ne mettra pas en œuvre un processus formel de validation et d’approbation des procédures d’évacuation des navires à passagers, le risque que les membres de l’équipage et les passagers ne soient pas préparés à évacuer un navire de façon sécuritaire en cas d’urgence persiste.

Formation en gestion de la sécurité des passagers pour les membres d’équipage de navires à passagers qui transportent plus de 12 passagers

La réglementation actuelle relative à ce type de formation est applicable selon la jauge du navire et le type de voyage, et ne tient pas compte du nombre de passagers à bord. Alors que des navires de plus petite taille, comme l’Island Queen III, peuvent être certifiés pour transporter des dizaines ou des centaines de personnes, les membres d’équipage ne sont pas tenus d’être formés en gestion de la sécurité des passagers. Par conséquent, le Bureau est préoccupé par le fait que :

Tant que les membres d’équipage d’un navire qui transporte plus de 12 passagers ne sont pas tenus de suivre une formation adéquate en gestion de la sécurité des passagers, le risque que les membres d’équipage ne soient pas préparés à gérer efficacement les passagers en cas d’urgence persiste.

Mesures de sécurité prises

Depuis cet incident, l’exploitant de l’Island Queen III a pris un certain nombre de mesures dans le but d’améliorer la sécurité, en corrigeant certaines des lacunes cernées pendant l’enquête, notamment en changeant sa façon de faire l’exposé sur les mesures de sécurité avant le départ aux passagers et en exigeant les membres d’équipages qu’ils effectuent des démonstrations sur la bonne façon d’endosser un gilet de sauvetage. La compagnie a également révisé son système de gestion de la sécurité et élaboré des procédures d’évacuation détaillées. Cependant, les préoccupations liées à la sécurité sont émises aujourd’hui à l’intention de l’industrie des navires à passagers commerciaux dans son ensemble, ainsi qu’à TC.

Voir la page d’enquête pour obtenir plus d’information.


Le BST est un organisme indépendant qui mène des enquêtes sur des événements de transport aérien, ferroviaire, maritime et pipelinier. Son seul but est de promouvoir la sécurité des transports. Le Bureau n'est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales.

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