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Enquête sur la sécurité du transport maritime M18C0225

Le BST a terminé cette enquête. Le rapport a été publié le 21 mai 2021.

Table des matières

Échouement

Navire à passagers Akademik Ioffe
Latitude 69° 43.043′ N
Longitude 091° 20.951′ W
Îles Astronomical Society (Nunavut)

Voir le rapport final

L'événement

Le 24 août 2018, le navire à passagers Akademik Ioffe s’est échoué à environ 78 milles marins au nord-nord-ouest de Kugaaruk (Nunavut). L’Akademik Ioffe traversait un passage dans une région éloignée de l’Arctique canadien qui n’avait pas été sondée en employant des normes hydrographiques modernes ou adéquates. De plus, aucun des membres de l’équipage ne s’était rendu dans cette région auparavant. Le navire s’est échoué à une vitesse de 7,6 nœuds avant que l’équipe à la passerelle ne puisse prendre des mesures d’évitement; les membres de l’équipe ne surveillaient pas de près les échosondeurs, et la diminution constante de la profondeur de l’eau sous quille est passée inaperçue pendant plus de 4 minutes, car les alarmes de faible profondeur des échosondeurs avaient été inactivées.

Dans son évaluation du plan de voyage de l’événement à l’étude, le capitaine s’est appuyé sur une carte canadienne qui montrait des données bathymétriques partiellesNote de bas de page 1. Étant donné que la carte présentait des sondages ponctuels qui affichaient des profondeurs suffisantes et qu’elle n’affichait pas de hauts-fonds ni d’autres dangers pour la navigation, l’équipe à la passerelle de l’Akademik Ioffe avait conclu qu’une traversée du passage était sécuritaire, et on n’a donc pas mis en œuvre d’autres précautions. Après l’échouement, les navires de la Garde côtière canadienne Pierre Radisson et Amundsen ont été chargés d’apporter leur aide, de même que 5 aéronefs des Forces armées canadiennes. Le navire a été remis à flot plus tard ce soir-là, et le 25 août 2018, les passagers ont été évacués puis transférés vers le navire jumeau Akademik Sergey Vavilov. L’Akademik Ioffe a subi des avaries importantes à la coque : 2 citernes d’eau de ballast et 2 citernes à mazout ont été percées et ont pris l’eau. Environ 80,51 L de carburant du navire se sont déversés dans l’environnement. Aucun blessé n’a été signalé.

L’enquête a permis de déterminer que si l’équipage d’un navire effectue la planification et l’évaluation d’un passage en se fondant sur des données de navigation incomplètes et peu fiables sans prendre de mesures d’atténuation, il y a un risque accru pour la sécurité du navire et des personnes à bord. De plus, si les instruments de navigation à la passerelle ne sont pas utilisés de façon optimale et que les dispositifs de sécurité automatiques, comme les alarmes, sont inactivés, il y a un risque qu’une équipe à la passerelle ne puisse pas accéder à des renseignements essentiels, surtout dans des situations où les conditions de navigation créent une charge de travail élevée pour les membres de l’équipe. En outre, si la composition de l’équipe à la passerelle est inadéquate pendant les périodes de charge de travail élevée, par exemple lorsqu’il s’agit de traverser des eaux restreintes, il y a un risque que des paramètres critiques de navigation, comme la profondeur de l’eau sous quille, ne soient pas correctement surveillés, ce qui compromet la sécurité du navire.

L’enquête du BST sur cet événement a permis de cerner des lacunes de sécurité qui ont mené le Bureau à émettre 1 recommandation sur la sécurité.

Mesures d’atténuation des risques pour les navires exploités dans les eaux de l’Arctique canadien

Transports Canada réglemente la navigation des navires canadiens et étrangers dans les eaux territoriales du Canada, y compris les eaux côtières entourant l’archipel Arctique canadien. Le ministère des Pêches et des Océans, par l’entremise du Service hydrographique du Canada, veille à ce que le Canada s’acquitte de ses obligations internationales en offrant des services hydrographiques; la Garde côtière canadienne doit fournir des ressources en recherche et sauvetage maritimes, des services de surveillance du trafic, d’aide au déglaçage et de diffusion d’informations sur la sécurité de la navigation, entre autres. Transports Canada et le ministère des Pêches et des Océans ont le mandat réglementaire de mettre en œuvre diverses mesures d’atténuation des risques afin de réduire la probabilité qu’un navire à passagers s’échoue dans les eaux de l’Arctique et les conséquences relatives à un échouement.

L’enquête a permis de déterminer que la planification des voyages dans l’Arctique canadien comporte des risques uniques qui nécessitent la mise en œuvre de mesures d’atténuation additionnelles afin d’assurer la sécurité des navires à passagers et de protéger le fragile environnement arctique. Tant que les eaux côtières entourant l’archipel Arctique canadien ne sont pas correctement cartographiées, et si d’autres mesures d’atténuation ne sont pas mises en place, le risque que les navires talonnent le fond de façon imprévue persiste. C’est pourquoi le Bureau recommande que :

le ministère des Transports, en collaboration avec le ministère des Pêches et des Océans, élabore et mette en œuvre des mesures obligatoires d’atténuation des risques pour tous les navires à passagers exploités dans les eaux côtières de l’Arctique canadien.
Recommandation M21-01 du BST


Ressources pour les médias

Communiqué de presse

2021-05-21

Le BST demande la mise en place de mesures obligatoires d’atténuation des risques pour les navires à passagers exploités dans l’Arctique canadien
Lire le communiqué de presse

Document d'information

Avis de déploiement

2018-08-27

Le BST envoie une équipe d’enquêteurs a Kugaaruk (Nunavut) suite à l’échouement du navire à passagers Akademik Ioffe
Québec (Québec), le 27 août 2018 — Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) envoie une équipe d'enquêteurs à Kugaaruk (Nunavut), suite à l’échouement du navire à passagers Akademik Ioffe survenu le 24 août 2018. Le BST recueillera des informations et évaluera l'événement.


Informations d'enquête

Carte de la région


Photos


  Voir des images en haute résolution sur la page Flickr du BST.

Catégorie de l’enquête

Cette enquête est une enquête de catégorie 2. Ces enquêtes sont complexes et portent sur plusieurs problèmes de sécurité exigeant une analyse approfondie. Les enquêtes de catégorie 2, qui donnent souvent lieu à des recommandations, se concluent généralement en 600 jours. Pour de plus amples renseignements, consultez la Politique de classification des événements.

Processus d'enquête du BST

Une enquête du BST se déroule en 3 étapes :

  1. L'étape du travail sur le terrain : une équipe d'enquêteurs examine le lieu de l'événement et l'épave, interviewe les témoins et recueille toute l'information pertinente.
  2. L'étape d'examen et d'analyse : le BST examine toute la documentation liée au dossier, effectue des tests en laboratoire sur des composantes de l'épave, établit la chronologie des événements et identifie toute lacune en matière de sécurité. Lorsque le BST soupçonne ou constate des lacunes en matière de sécurité, il en informe sans tarder les organismes concernés sans attendre la parution du rapport final.
  3. L'étape de production du rapport : une version confidentielle du rapport est approuvée par le Bureau et envoyée aux personnes et organismes qui sont directement touchés par le rapport. Ceux-ci ont l'occasion de contester ou de corriger l'information qu'ils jugent erronée. Le Bureau tient compte de toutes les observations fournies avant d'approuver la version définitive du rapport, qui est ensuite publiée.

Vous trouverez de plus amples détails à la page sur le Déroulement des enquêtes.

Le BST est un organisme indépendant qui mène des enquêtes sur des événements de transport aérien, ferroviaire, maritime et pipelinier. Son seul but est de promouvoir la sécurité des transports. Le Bureau n'est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales.