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Rapport d'enquête maritime M97M0112

Heurt violent et échouement
« MACDONALD'S III »
Bateau d'excursion à passagers
Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard)
Le



Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a enquêté sur cet événement dans le but de promouvoir la sécurité des transports. Le Bureau n’est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales. Le présent rapport n’est pas créé pour être utilisé dans le contexte d’une procédure judiciaire, disciplinaire ou autre. Voir Propriété et utilisation du contenu.

Résumé

Par beau temps, le 17 septembre 1997 à environ 8 h 30, heure avancée de l'Est, le " MACDONALD'S III ", navire affrété ayant à son bord 26 passagers et un équipage de deux personnes, a heurté un pilier de béton semi-submergé qui a percé sa coque. Le navire s'est immobilisé et a gîté. Les passagers et l'équipage ont été secourus par des petits bateaux des environs. Huit passagers ont été légèrement blessés dans l'accident. Il n'y a pas eu de pollution.

Renseignements de base

Nom « MACDONALD'S III »
Port d'immatriculation Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard)
Pavillon Canada
Numéro d'enregistrement/de permis 328781
Type « Cape Islander »
Jauge brute 21,9 tonneaux
Longueur 12 m
Construction 1967, Lower W. Pubnico (Nouvelle-Écosse)
Groupe propulseur Acadia Leyland 74 kW
Équipage Deux personnes
Capacité Vingt-six passagers
Propriétaire enregistré Imperial Harbour Cruises, Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard)

Le navire ponté de type « Cape Islander » avait également été utilisé comme traversier côtier local.

Les engins de sauvetage comprenaient 48 gilets de sauvetage pour adultes et 8 pour enfants, rangés dans une lourde boîte de bois non identifiée, dans l'axe longitudinal sur le pont du coffre. La boîte n'était pas fixée au pont. Le navire était équipé de quatre bouées, dont deux étaient attachées de part et d'autre de la timonerie, et de trois radeaux gonflables pouvant porter 45 personnes, arrimés sur le toit de la timonerie.

La Sécurité maritime de Transports Canada (SMTC) avait délivré un certificat d'agrément le 27 mai 1997, valide jusqu'au 30 septembre 1997, qui permettait de naviguer par beau temps dans le port de Charlottetown et ses abords à au plus cinq milles du rivage. Le certificat stipulait que le navire pouvait transporter un maximum de 40 passagers et un équipage de trois personnes, dont le capitaine.

Après avoir passé l'examen de la Garde côtière, examen nécessaire en raison de la taille du " MACDONALD'S III " et de ses limites de navigation, le capitaine a reçu le brevet de compétence requis. Il a passé la majeure partie de sa vie adulte sur les bateaux dans le port de Charlottetown et les environs. C'est lui qui dirigeait aussi le « MACDONALD'S III » lors de son échouement le 16 septembre 1995 dans le port de Charlottetown.

Déroulement du voyage

Le 17 septembre 1997 vers 8 h 20 Note de bas de page 1, 26 passagers sont montés à bord du « MACDONALD'S III » au quai de la gare maritime de Charlottetown. Le navire avait été affrété pour une croisière dans le port de Charlottetown, essentiellement pour observer les phoques. Aux environs de 8 h 30, le « MACDONALD'S III » a heurté un pilier de béton semi-submergé qui a percé sa coque. Au moment de la collision, un courant de flot d'environ deux ou trois nœuds poussait le navire vers le pilier. Immédiatement avant le heurt, on a vu le capitaine quitter le poste de commande et se diriger à l'arrière du bateau pour montrer les phoques aux passagers.

Le navire s'est immobilisé et a gîté. Selon les témoignages reçus, lorsque le navire a gîté, la boîte contenant les gilets de sauvetage glissait vers la partie basse du pont du coffre, emprisonnant certains passagers et leur causant des écorchures et des contusions aux jambes.

Le capitaine a lancé, sur un poste radio à très haute fréquence (VHF), un message de détresse MAYDAY auquel la Garde côtière a répondu. Par ailleurs, des travailleurs d'une équipe de construction de ponts à proximité ont utilisé leurs petites embarcations pour transborder les passagers du « MACDONALD'S III » sur un plus grand navire de la Garde côtière.

Le guide a aidé les autres passagers à enfiler leurs gilets de sauvetage, les a réconfortés et les a assistés dans l'abandon du bateau et le débarquement. Les passagers ont ensuite été conduits à terre. Huit passagers ont subi des blessures mineures : contusions, coupures et douleurs lombaires. Un passager s'est par la suite rendu à l'hôpital local pour des ligaments froissés.

Lieu de l'accident

Le pilier de béton que le « MACDONALD'S III » a heurté est l'un des nombreux appuis d'un vieux pont-rail qui a été détruit. Deux appuis portent des marques de jour qui balisent la partie navigable du chenal, d'environ 183 m de largeur, près du pont-route (voir l'annexe graphique). Vu de haut, le pilier est de forme rectangulaire et mesure environ 0,9 m sur 0,6 m. Il est surmonté d'un marqueur carré fait d'acier, peint en vert, monté sur une tige d'acier de 1,5 m. Au moment du heurt, le pilier émergeait de 15 cm de la surface de l'eau. De l'autre côté du chenal navigable, un triangle rouge est monté d'une façon semblable sur un autre pilier de béton.

Mesures de sécurité et consignes aux passagers

D'après les témoignages reçus, des consignes de sécurité ont été données aux passagers après leur embarquement. Ces consignes précisaient l'emplacement et le mode d'utilisation des gilets de sauvetage, ainsi que l'emplacement des radeaux de sauvetage gonflables arrimés sur le toit de la timonerie. Il avait été décidé d'inclure de telles précisions de concert avec le propriétaire-exploitant du « MACDONALD'S III », suite au décès par noyade d'un homme tombé par-dessus bord dans le port de Charlottetown le 16 août 1997 (Rapport du BST no M97M0094).

Il s'avère que selon un des faits établis lors de l'enquête sur l'échouement du 16 septembre 1995 (Rapport no M95M0092 du BST), le capitaine a été distrait juste avant l'accident. Cela avait d'ailleurs motivé l'envoi à Transports Canada (TC) de l'avis de sécurité maritime no 05/95 du BST afin de signaler le danger que présentent, pour le capitaine, des distractions comme la présence et les activités de passagers dans la timonerie. TC estimait que la présence de passagers dans la timonerie n'avait joué aucun rôle dans l'accident mais par mesure de précaution, le Ministère a avisé les propriétaires de bateaux d'excursion qu'ils devraient s'assurer que les capitaines ne soient pas distraits par les passagers.

Dommages antérieurs au bateau

Le 16 septembre 1995, par beau temps et bonne visibilité, le « MACDONALD'S III » a subi ce qu'on croyait être à première vue des dommages mineurs lors d'un échouement dans le port de Charlottetown. Toutefois, un expert en assurance maritime a considéré le bateau comme une perte totale.

Les propriétaires ont fait réparer le bateau et l'ont remis en service avec le même capitaine aux commandes. La Sécurité maritime de Transports Canada a ensuite délivré un autre certificat d'inspection (SIC 16) permettant au « MACDONALD'S III » de transporter jusqu'à 40 passagers.

Examen du bateau

Après l'accident du 17 septembre 1997, le bateau endommagé et non réparé a été examiné sur la rive. Il a été monté sur des cales en bois au quai de la gare maritime de Charlottetown.

La machine principale, la tuyauterie, le système de commande et les dispositifs de servitude avaient été antérieurement retirés du bateau pour être conservés. Les inspections étaient spécifiquement destinées à déceler les avaries structurelles causées par le heurt, l'échouement et la récupération subséquente du bateau ainsi qu'à évaluer la condition générale de sa coque en bois qui datait de 30 ans. La structure du « MACDONALD'S III » était dans un piètre état.

L'examen détaillé du navire a révélé que la perméabilité des cloisons transversales et l'état insatisfaisant de la coque présentaient des risques d'accident potentiels et inacceptables. La coque était apparemment dans un état insatisfaisant depuis un certain temps avant l'accident du 17 septembre 1997. Au moment du heurt, le bateau était inapte à tenir la mer.

Analyse

Étant donné que les passagers n'ont pas tous la même taille, la même mobilité et les mêmes connaissances de la navigation, un propriétaire-exploitant prudent doit s'assurer de la présence d'un capitaine compétent et d'un équipage bien formé en nombre suffisant à bord du bateau. L'emplacement de l'équipement de sauvetage et son utilisation devraient à la fois être affichés et faire l'objet d'une démonstration avant le départ du quai.

Les passagers ont plus tard rapporté que les blessures qu'ils ont subies ont été causées directement ou indirectement par le glissement de la lourde boîte de bois contenant les gilets de sauvetage vers le côté bas du pont du coffre après l'échouement du bateau. Si le capitaine ou les inspecteurs de la SMTC avaient observé les règles élémentaires du matelotage, la boîte aurait été solidement fixée. En ne l'étant pas, elle présentait un danger pour les passagers et l'équipage.

Le capitaine du « MACDONALD'S III » a passé la majeure partie de sa vie adulte sur des bateaux dans le port de Charlottetown et ses environs. Par conséquent, il aurait dû très bien connaître le port, les marées, les courants et les flux.

Faits établis

  1. Alors que le capitaine avait quitté le poste de commande pour montrer les phoques aux passagers, le navire a heurté un pilier de béton et s'est échoué en bordure du chenal.
  2. La coque a été percée au droit du compartiment moteur mais le bateau n'a pas été submergé et n'a pas coulé parce qu'il était soutenu par le pilier de béton.
  3. Lors d'un accident antérieur du bateau en 1995, un expert en assurance maritime l'avait déclaré perte totale.
  4. La Sécurité maritime de Transports Canada a délivré un nouveau certificat d'inspection (SIC 16) pour le bateau une fois les réparations effectuées.
  5. Le certificat qui permettait au navire de transporter jusqu'à 40 passagers était valide au moment de l'accident.
  6. Une inspection du bateau effectuée après l'accident a montré que le " MACDONALD'S III " n'était pas en état de tenir la mer au moment du heurt.
  7. Aucun avis renseignant les passagers sur l'emplacement des gilets de sauvetage, des radeaux de sauvetage ou des bouées de sauvetage et aucune consigne de sécurité générale n'étaient affichés sur le bateau.
  8. Les passagers ont été renseignés sur l'équipement de sauvetage à bord du bateau avant de quitter le quai.

Causes et facteurs contributifs

Le « MACDONALD'S III » a heurté un pilier de béton et s'est échoué après que le capitaine eût quitté le poste de commande pour avertir les passagers qu'il y avait des phoques à proximité. Le bateau était alors près de risques connus et la marée poussait le navire vers les piliers de béton.

Le présent rapport met fin à l'enquête du Bureau de la sécurité des transports sur cet accident. Le Bureau, qui est composé du président, Benoît Bouchard, et des membres Maurice Harquail, Charles Simpson et W.A. Tadros, en a autorisé la publication le .